La voix est alerte au téléphone.
Mais il a largement plus de 80 ans.
Il s'appelle Joseph Valet, il était aumônier des voyageurs en Auvergne, pendant plus de 45 ans.
Et
quand je lui fais ma demande,
il me dit de lui faire parvenir mon adresse, et il me les enverra.
Gratuitement.
"Oui, ça me ferait plaisir de savoir que quelqu'un s'en serve pour ça".
Quelques jours après, je reçois ce trésor.
Deux volumes de contes manouches, et une petite méthode d'apprentissage de la langue.
Le tout collecté par ses soins, les soirs de veillée.
Copié à la main, en manouche, et en français.
Avec des précisions sur les familles auprès desquelles ils ont été recueillis.
Les Wintersheim, les Lafleur, les Reinhard, des noms très répandus chez nous aussi.
Et des dessins pour illustrer, réalisés par des manouches of course.
Oui, parce que souvent, les voyageurs ne savent ni lire ni écrire,
mais ils dessinent excellemment.
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Je les ai lus pour commencer, et j'ai adoré.
C'est spécial, de l'oral écrit.
Déjà ça fait écho à nos propres histoires.
Par exemple, O divjo gadjo, le paysan sauvage, il est grand, poilu, et il mange les enfants.
C'est notre ogre.
Les contes, les légendes, c'est vraiment universel.
Mais il y a aussi des éléments qui n'appartiennent qu'à cette culture là.
Et j'aime bien.
Alors j'ai fait ce que j'avais dit au vieux monsieur.
A la maison d'arrêt, j'ai amené les histoires en cours, j'ai expliqué ce que c'était.
Il y en a un qui m'a dit "Madame, là franchement, je regrette vraiment de ne pas savoir lire. J'aimerais bien pouvoir lire ça."
Alors j'ai répondu "je vais lire pour vous" et j'ai commencé.
Après on a parlé de l'histoire. Ils m'ont expliqué des tas de trucs que je ne connaissais pas. Et moi je leur ai montré les lettres du prénom de l'héroïne. Puis on a continué avec leur prénom, leur prénom d'école, parce que leur prénom gitan, celui qu'ils n'utilisent qu'en famille, ils ne l'écrivent pas, c'est intime.
De là, on a écrit les six voyelles.
Ensuite les jours de la semaine, parce qu'ils voulaient noter quand sont les prochains cours.
Quand un autre a conclu
"ah, ben, ça fait cinq mois que je suis là, j'aurais dû venir avant",
j'ai failli l'embrasser.
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J'espère qu'ils reviendront mercredi prochain,
parce que moi
je me suis éclatée.
Après avoir été calomniée, diffamée, discréditée, puis mise au placard
pas reconduite sur mon poste pour l'an prochain
à passer le capa-sh dans une classe où j'essaie de trouver mes marques depuis un mois
alors que je ne m'en servirai pas
et même que je vais perdre 400 € de salaire mensuel
je peux dire que
c'est pas du luxe ces petits moments de bonheur pédagogique.
4 commentaires:
génial!
et bravo Coline
courage♥
heureusement qu'il y a des moments comme ça !
:)
pour le reste, je te souhaite du courage...
ma collègue qui passait le Capa-sh option E ne l'a pas obtenu, elle est écoeurée.
et moi... je suis candidate pour la même chose l'année prochaine
plus on est de fous...
Bises.
Christine
merci les filles
du courage j'en ai
mais l'énergie
il n'y a plus de produit ...
Dis-toi que des petits moments comme ça, rangés là sous la main à gauche en entrant, ben c'est comme des petits jerricans remplis à ras bord, qui attendent la panne de motivation. T'en as, t'en as plein, relis tes billets aux moments les plus sombres et tu verras que finalement, aujourd'hui y'a comme une sorte de clair-obscur, il fait moins noir, non ?
vérification des mots : "actors"..... huhuhu, si c'est pas un signe ça... acteurs, réacteurs, c'est reparti !
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