lundi 18 juillet 2011

Une vie pour une autre (with Parkinson inside)

En sortant de l'hôpital aujourd'hui
je l'ai croisé
il était là
parce que sa mère était en train d'accoucher.
J'ai parlé un bon moment avec lui
il a beaucoup changé
je lui ai dit comme j'étais fière d'avoir croisé sa route.
Et puis j'ai pensé,
ce bébé
c'est une vie pour une autre.
Une qui arrive
une qui se délite.

Moi
j'étais allée voir mon père
dans ce service de médecine générale de l'hôpital de Guéret
que je déteste.
Pour la pisseuse déjà qui me dit que vu le nombre de patients,
on n'a pas le temps de gérer les médicaments avec finesse...
Sauf que ce médicament là
il faut le prendre à heures fixes, et avant les repas
sinon c'est mort.
Pour une autre pétasse aux urgences qui m'a envoyée promener un jour
pareil
pas le temps d'appeler la famille quand on ramasse un vieux de 87 ans tombé dans la rue... c'est mieux que ce soit moi qui ai l'idée de venir voir s'il est aux urgences !

Parfois
je leur dis "et si c'était votre père ?"
parfois je ne dis rien
quand ça vient de trop loin,
tout discours serait inutile.
Mais un jour il y aura la fois de trop
et j'aime mieux écrire ici que
si on n'a pas d'empathie pour les gens
et si on supporte pas le manque de moyens
ben
faut pas travailler avec de l'humain...
et pas dans le service public non plus.

Alors ce soir
j'ai demandé les médicaments
je les lui ai donnés avant le repas
et puis je l'ai aidé à manger.
Ces petites connasses pas finies
qui ont choisi d'être infirmières on se demande bien pourquoi
qui nous parlent avec un ton condescendant
et qui nous demandent de nous mettre à leur place
j'ai envie de leur crier que non
qu'elles se mettent à sa place à lui

cet homme fort
qui me promenait sur ses épaules
me rattrapait au vol quand je me perdais dans un rouleau

et me soignait quand j'étais malade
et m'a acheté mon premier soutien-gorge
parce qu'il faisait aussi office de maman

et qui parlait bien
et m'emmerdait avec ses réflexions

intelligent
qui avait appris à lire et à écrire à 4 ans
et qui savait tout sur tout au point que ça énervait tout le monde
mais c'est parce qu'il enregistrait tout ce qu'il aisait
comme moi
comme mon fils

et qui allait très bien jusqu'en janvier dernier

qui maintenant n'arrive pas à faire sortir les mots de ses pensées
se déplace avec peine
enrage de ce corps qui ne lui obéit plus
s'étouffe en mangeant
parce que tout est raide, même en dedans
tombe à la renverse sans pouvoir se retenir

cet homme là
quand la molécule est administrée correctement
il vit un peu mieux
et moi aussi
du coup.

Imbéciles...

2 commentaires:

Barbara a dit…

bon courage

sinon tu as raison
dis
réclame
revendique
non c'est pas normal
inadmissible
et heureusement y a aussi les dévouées corps et âmes
les reconnaissantes
les attentives
les écoutantes
les compréhensives
les intelligentes ou même

celles qui font bien leur "travail"

les humaines ...


ma maman fait partie de cette dernière catégorie
et je le dis pas parce que c'est elle d'abord elle passera pas par ici





mais y a aussi celles qui te voient comme un n°
qui tuent le temps
et toi avec les

comme t'as dit plus haut

malheureusement
honteusement

inadmissiblement

gren a dit…

Quelle jolie déclarationd'amour...
L'épisode du soutien-gorge me touche particulièrement... ni ma mère, ni mon père ne s'en sont jamais préoccupés, le premier, qui n'était même pas neuf, c'est ma marraine qui me l'a donné...