Les mots m'échappent.
Ils se bousculent.
Je n'ai plus d'emprise.
Quand je parle
je n'ai plus cette aisance
cette agilité
à m'exprimer en public.
Je suis même bien souvent en difficulté.
Plus de justesse
ni de précision
juste un galimatias informe
et la terrible frustration de ne pas avoir dit ce que je voulais vraiment exprimer.
Cet après-midi
dans l'heure de soleil
j'ai eu envie d'arracher le lierre que,
depuis ma chambre,
je voyais étouffer le cerisier.
C'est la première fois
en dix ans
que je n'arrive pas exténuée aux vacances de février,
obligée de vivre une semaine au ralenti
avant de pouvoir profiter des congés pour .... préparer la période suivante.
Alors quand j'ai vu le soleil
je suis sortie.
Le lierre était déjà haut grimpé
s'insinuait très avant sur les branches charpentières
je me suis excusée auprès du cerisier
de n'avoir rien vu avant
et d'être obligée peut-être
de lui faire mal
pour arracher tout ça.
J'ai coupé les racines le plus loin possible,
et
à la fin
j'ai enlacé le tronc et respiré contre l'écorce
qui était encore douce en dépit des griffures rampantes.
J'aime sentir l'odeur du bois et de la terre.
J'ai réalisé à quel point je me suis trouvée en souffrance l'an dernier.
Malmenée, déstabilisée
maintenant
j'essaie de me contenir tout le temps en situation professionnelle.
Je n'y arrive pas du tout,
ah ah !
En revanche je réussis assez bien à embrouiller le propos.
Et puis ces tentatives de contrôle dérisoires
ne modifient en rien l'afflux d'émotions.
Ma blessure d'ego est si profonde
et encore si vive
qu'il me semble que je serai incapable désormais de reprendre une classe en charge.
J'en ai conclu
que les mots m'échappent
depuis que j'essaie de les contrôler.
Quand je me restreins
je n'arrive plus à suivre le cours de mes pensées.
Impossible de me maîtriser tout le temps
Il me faudra du temps avant de retrouver un peu de confiance en moi.
La bourrée 2 temps s'appelle le Lierre
une compo de Maxou Heintzen (La Chavannée)
et le groupe c'est plus ou moins Komred, avant qu'ils ne soient connus.
J'ai une affection particulière pour Clémence Cognet
la violoniste
très classe quand elle joue, comme quand elle danse.
Le son est affreux
mais j'aime cette vidéo
joyeuse.
Je crois qu'il faudrait que je retourne danser
il paraît que le corps,
c'est l'antidote de la pensée.