dimanche 1 mars 2015

First aid kit : mes 7 pansements préférés

Le coup de grâce,
ça a été ce bilan imprévu,
qu'il faut rédiger pendant les vacances,
pour tenter de sauver nos postes.

La parano rampe vers mon âme,
s'insinue dans mes repos,
trouble mon jugement.
Cette idée de sagesse
que le bonheur ce serait accepter son sort,
c'est pas un peu des conneries pour que chacun reste à sa place ?

Les idées noires,
le horla qui s'empare de moi.

Mais aujourd'hui je vous la joue à l'américaine,
je vous la joue pensée positive.

Certainement un effet des trois jours passés chez ma cousine,
conjugué à  ma bullet addiction,
majoré par mon fantasme louisianais
(viens petite convoc, viens cette semaine s'il te plaît).



Les papillons, les fleurs,
les coloriages,
organiser le mois, la journée,
savoir le soir exactement ce que j'ai à faire,
et comment,
le lendemain
mais surtout, cocher jouissivement tout ce que j'ai dépoté dans la journée,
c'est bête, mais ça m'apaise.
C'est mon premier pansement.

Du Prozac et autres molécules testés il y a quelques années,
des séances chez le psy,
j'avais gardé la sensation d'être installée dans le mal être comme dans une maladie incurable,
rien à changer,
tout à accepter,
étiquetée.
Je ne souffrais plus, mais je n'étais plus moi-même.
C'était à la fois confortable et désagréable.
Ce que j'ai appris, c'est que
c'est pas toujours aussi dur,
ça finit toujours par passer.
Alors,
je ne prends rien,
jamais
parce que mon deuxième pansement,
c'est que j'attends que ça passe.

Notez que j'ai déjà essayé d'attendre roulée en boule sur le canapé
avec une grosse boîte de mouchoirs.
Et c'est pas si mal,
parce qu'un jour quelqu'un m'a dit,
le chagrin, faut que ça sorte,
que ça coule avec les larmes.
Pis moi,
ça me fait du bien de pleurer.
Après je dors super bien.
Comme un somnifère, mais avec les idées claires.
Pour autant, pleurer, c'est pas un pansement,
c'est seulement le sérum phy qu'on met sur la compresse pour laver les plaies.
Juste avant le cataplasme aux endorphines.
La piscine, la gym, la marche, la danse, peu importe : faut que ça bouge,
que ça transpire,
et parfois avec rage.
Le corps, c'est l'antidote de l'esprit.
C'est mon troisième pansement.




Ça prend du temps.
Mon quatrième pansement,
j'ai beaucoup, beaucoup de mal à l'utiliser.
Me coucher tôt.
Tout lâcher à 22.30,
surtout l'ordi,
pour retrouver ma couette
et si possible un bouquin.
Des fois je pleure avec le livre.
C'est bien aussi.
Le mal-être, ça a quand même souvent à voir avec la fatigue.

Dans mon lit,
je suis seule.
C'était un choix,
c'est devenu une habitude.
C'est là qu'il y a la minute que je me suis inventée en voyant cette image,



laquelle va bien faire rire ceux qui connaissent mon incommensurable vide fidéique :
C'est que le hug mental de Jésus,
a déclenché chez moi une autre représentation.
Et tous les soirs, en fermant les yeux,
je me réfugie dans ma propre compassion,
une manifestation amicale de bienveillance pour moi-même,
et ça, cette indulgence, c'est très récent.
Je me sens enveloppée par l'univers tout entier.
C'est mon cinquième pansement.


Juste avant le câlin du soir,
je me remémore trois au quatre bons moments du jour
Au début,
je n'y arrivais pas du tout,
surtout après une journée de merde...
Il m'apparaissait avec terreur que je n'avais vécu aucun instant mémorable,
qu'une succession de contrariétés, parfois dérisoires, parfois préoccupantes.
Il m'a fallu créer des respirations,
en m'obligeant à être attentive plusieurs fois dans la journée.
Oui, bon, OK,
c'est de la pleine conscience.
Mais c'est pas parce qu'une tarte est à la crème qu'elle n'est pas bonne...
Des exemples ?
- Savourer avec délice l'orange sanguine fraîche et sucrée du petit déjeuner.
- Se concentrer, pendant quelques longueurs, sur la fluidité de l'eau le long du corps,
sur la mécanique bien huilée de la marche.
- Préparer un bon repas du dimanche.
- Entendre les voix de mes fils (quand ces petits cons s'engueulent pas) dans la maison.
- Contempler le spectacle de la nature, sentir la pluie, le vent, le soleil, regarder une prairie, un vallon, entendre les oiseaux du matin quand la pluie cesse enfin, toucher l'écorce d'un arbre.
Dans sensation, il y a sens.
M'en souvenir, c'est le sixième pansement.


Et que serait ma vie sans le chant,
mon septième pansement ?

7 sacrements, 7 chakras, 7 jours pour créer le monde, 7 circumambulations, 7 branches au chandelier, 7 merveilles du monde, 7 ayats pour ouvrir le Coran, 7 archanges de l'Apocalypse, 7 péchés capitaux, 7 continents, 7 pétales

et maintenant
les sept pansements de Coline !...

12 commentaires:

Marité a dit…

Un texte magnifique !!! J'aime beaucoup tes 7 pansements :-)

Loulou a dit…

C'est très inspirant, ce que tu racontes là !
Il y a plusieurs de tes pansements que je ferais bien d'adopter.

Geneviève a dit…

Je vais essayer... De te lire, je me suis dit qu'aujourd'hui j'ai beaucoup aimé retrouver les petites filles que je garde. La plus petite (15 mois) a des lunettes roses et un grand sourire. Elle se met debout seule et se déplace en s'aidant des meubles (énorme changement depuis 15 jours).
Bon puis je suis née un 7 alors... (et en 57 !)

Geneviève a dit…

Dans mon commentaire précédent il faut lire: 'En te lisant, je me suis dit...."

Madame Nicole a dit…

@Marité : ils sont bien, mais les blessures sont toujours là, sournoises.
@Loulou : t'as déjà le Nini, c'est toujours ça de pris.
@Geneviève : faut essayer ce qui marche pour soi je crois. Bon, alors cette formation ? On l'inaugure quand la crêperie ?

Madame Nicole a dit…

En vrai, il y en a un huitième : c'est de savoir que des gens nous aiment et pensent à nous...

Barbara a dit…

magnifique texte
et surtout magnifiques réalités auxquelles il se réfère
quelle leçon de vie quel calme il s'en dégage malgré les éléments "négatifs"
bravo merci

et surtout à suivre !

que ces pansements soient efficaces et tombent bientôt quand toutes les blessures seront guéries du moins apaisées pour
repartir vers du +


déjà oui la convocation cette semaine ce serait bien ;o)

pauvre et plat est mon commentaire face à tes mots
à ma décharge il est encore tôt (et mon corps lui manque de pansements ces jours ci )
je pense à toi
que cette semaine soit positive et sources de petites et grandes choses dont tu pourras te souvenir sans cesse avant de dormir dans la quiétude et la douceur

Emilie a dit…

Juste un petit mot pour dire que j'aime beaucoup ce billet, qu'il me parle et m'inspire.

Naternelle a dit…

Zut de zut de merde de remerde de putains de cons qui font chier pour ceux qui t'obligent à défendre ton poste.(un de mes pansements à moi c'est de dire des gros mots pour évacuer ma colère, c'est pas positif mais ça me fait du bien quand même !)

ZZZZZZZ pour la convoc 7 (cette) semaine.
Ha oui, et puis je vois 7 jolis pansements sur ta page 35 et puis 35:5=7.
bisous et ondes+++++++

Geneviève a dit…

Manque de pansements en ce moment alors, heureusement, il y a le 8ème: penser aux autres et savoir que d'autres pensent à vous. C'est ce que j'ai fait aujourd'hui: j'ai penser à toi Coline et à ton pansement n°6:En partant pour Rennes dans ma petite auto, j'ai vu 3 bonnes soeurs (habillées complètement en bonnes soeurs) qui faisaient du stop, vraiment, avec une pancarte. Elles allaient à Laval et j'ai trouvé l'image jolie :) . Au retour, j'ai bien ri en écoutant "Si tu écoutes, j'annule tout". Ca fait du bien de rire.
Pour ma formation (très bien), c'est presque fini et là je suis en stage en entreprise (beaucoup plus délicat...). Fin mars, tout est fini et je reprendrai mes grandes marches, ça ira mieux.
Bises

Geneviève a dit…

J'ai pensÉ à toi Coline (Commentaire du dessus). Je fais des fautes, c'est grave Docteur ?

Madame Nicole a dit…

Les fautes c'est à l'église.
En vrai ce sont des erreurs.
Sinon, j'adore cette émission (les belges, je vous aime d'amour, les suisses aussi)