Oh la caresse du soleil sur mon ventre et mes cuisses, les
yeux grands ouverts sur l’arbre qui me tend les bras !
C’est la douce réminiscence de cette sensation qui m’attire chaque
matin vers mon tapis, et me fait retrouver avec joie l’encadrement de la
fenêtre. Le corps se met en marche, comme sur le chemin, délié de ses entraves,
libéré.
Je crois bien que tout a commencé avec ce tapis, acheté chez
Ikéa après avoir longtemps attendu.
Rond, épais et doux.
Parfois le soir, en rentrant, je m’allongeais dessus.
Puis j’y ai posé mon coussin de méditation.
Et voilà qu’un jour j’ai repensé à Manon des Amériques, et je
ne sais pas pourquoi, je me suis mise dans la posture de l’enfant.
Ça m’a fait un bien fou.
J’ai fait appel à tous mes souvenirs de ces initiations au
yoga, qui ne m’avaient jamais accrochée jusque-là. Des vidéos, des livres…
(Il
faudrait surtout que je me trouve un vrai cours.
Mais ce sont toujours à des horaires impossibles ou trop loin. )
En attendant, j’ai construit un petit enchaînement qui me convient, et que je
déroule avec bonheur chaque matin, fenêtres grandes ouvertes. Un rendez-vous
avec moi-même, un rendez-vous aussi important que ceux que je peux avoir dans
la journée. Un rendez-vous qui ne s’annule donc pas.
Je dois dire que j’ai lâché la gym en même temps. Le poids,
les blessures, l’arthrose au genou, ça m’a paru une évidence que ce corps qui
fait ce qu’il peut pour me soutenir devrait être davantage ménagé. Qu’il me
faut de la force et de la douceur. Asteure c’est dans l’eau et sur le tapis que
je les trouve.
C’est alors qu’il s’est produit une chose très bonne et très
douce.
Un jour j’ai ajouté cette posture, dont je ne connaissais pas
le nom, mais dont je me souvenais.
Je regardais loin, et je voyais ce grand
chêne, tordu dans son creux de terre, mais bien campé.
Il m’aidait à garder l’équilibre
de plus en plus longtemps. Et en poussant mon regard plus loin, et ma posture
plus longtemps, je voyais tous les autres chênes derrière lui, en fractale
lumineuse et apaisante. Parfois c'est comme une bulle de tendresse où se réfugier, et j'en ai les larmes aux yeux.
En cherchant à améliorer ma posture, j’ai découvert que Vrksăsana,
c'est la posture de l’arbre.
Depuis
c’est ménage à trois : moi, le tapis et le chêne.