Randonner ou pérégriner ? Le dilemme de la Voie Bourbonnaise

Pas assez de pèlerins sur cette méconnue Voie Bourbonnaise ?

Parce que pas assez de refuges jacquaires.

On sent bien que ce chemin cherche sa voie : GR ou compostellan ?

En revanche, des sculptures il y en a.

Tout du long.

Je me demande combien cela a coûté ?

Pour le même prix on aurait préféré un banc, une table de pique-nique, un abri de fortune...

Moins d'asphalte, de longs détours aussi inutiles que bitumés.

Un balisage moins... intuitif.

Combien de temps avons nous perdu aux intersections ?

Nous réalisons, en avançant, que nous suivons exactement le tracé des cyclistes de la Grande Traversée du Massif central.

Or les pieds, c'est pas comme le vélo. Ils ont des ampoules, le poids du sac, sont plus lents.

Ce qui double ou triple le besoin d'hébergements.

Un pèlerin ne peut pas se permettre des chambres à 70 ou 100 euros la nuit ...

Heureusement mon compagnon porte la tente.

Mais, pour bivouaquer, il faut porter du ravitaillement et surtout de l'eau.

Bref, ce n'est pas un chemin de confort.

A deux c'est mieux ?

 Marcher à deux, au long cours, c'est très différent.

Bien sûr, il y a des inconvénients : les différences de rythmes, les fragilités de chacun (moi et mes pieds à ampoules), les tensions qui apparaissent avec la fatigue.

Et puis il y les moments de grâce.

S'endormir à deux dans la tente (qu'il a portée...) montée en quatrième vitesse avant la pluie, se sentir à l'abri.

Préparer le repas pour l'autre, dans la mini popotte qui n'aime pas les gros doigts.

Partager la nature, le paysage, l'air libre, les belles rencontres.

La rupture brutale d'une blessure, dans une ornière, la douleur me porte au cœur, j'éclate en sanglots. Il fait demi tour, déploie vite fait le tapis de sol pour que je m'assoie malgré la boue. Il est toujours là pour moi.

Alors oui, je l'ai déjà fait tout cela, déjà vécu sur d'autres chemins. 

Sauf que là, nous étions ensemble.

A Clermont nous avons allumé deux cierges, parce que, ce jour là, c'était exactement le premier anniversaire de notre rencontre.

Heureuse et désappointée

 Lundi 12

Allier Adieux Jour 10

De Mozac à Châteaugay, puis Blanzat.

Le temps de gravir le col du Bancillon, et apparaît la sombre nef de la cathédrale.

Elle est loin encore, des kilomètres de bitume à avaler, elle sera fermée à notre arrivée.

Rallier Clermont-Ferrand à pied, voilà ça aussi c'est fait.

Caves de Châteauguay

Montée vers le col, depuis Blanzat, et quelques regards en arrière.

A l'arrivée, une cruelle déception.

Le Kid, qui habite Clermont, nous laisse poireauter une heure place de la Victoire, 

pour finalement me dire qu'il ne viendra pas me voir.

Moi qui m'attendais à admiration et bouquet de fleurs...Je tombe de très haut.

Je me sens pas respectée, pas aimée, honteuse même.

Et ça fait mal.

On y est presque...

 Dimanche 11

Allier Adieux jour 9

Entre Combrailles et Limagne

Combrondes

Gimeaux

Saint-Bonnet-près-Riom

Mozac

Hébergés dans une famille croisée à l'arrivée..

Lili et Vincent, trois enfants, ont bourlingué en Chine notamment. Lui est conseiller municipal à Mozac.

Ils nous proposent de planter la tente dans leur jardin, car le maire nous a sèchement dit que c'est interdit sur toute la commune.

Finalement, c'est un lit qu'ils nous offrent, et même une petite cuisine...

La générosité c'est souvent chez les étrangers.

J'en ferai, demain, l'amère expérience.

Repos à Gimeaux

Abbaye de Mozac

Saint-Bonnet-près-Riom

Mozac

Hébergés dans une famille croisée à l'arrivée...

Le paysage se fait dômes

 Samedi 10

Allier Adieux Jour 8

On quitte Ébreuil pour entrer en Combrailles.

C'est le début de la montagne.

Et c'est très beau.

Un peu dur aussi.

On passe Saint Hilaire la Croix pour rejoindre le Peyroux d'Auvergne, sur la commune de Montcel.

Un détour, pour pouvoir se loger chez Marie-Elise, qui tient une chambre d'hôtes.

Une très belle rencontre, sur un chemin à la peine concernant les hébergements et le ravitaillement.

Notre hôtesse ne nous l'a pas dit, mais elle offre le repas aux pèlerins.

J'imagine qu'elle attend de voir s'ils sont sympathiques, et que nous avons coché la bonne case.

Tout de même, le lendemain matin, nous laissons une participation. C'est du travail, et nous avons excellement mangé...

Fructidor an 22

Le chemin, généreux de nature, nous ravitaille en mûres, figues, pommes, pêches...

Premier objectif atteint

C'est ce que je voulais, traverser l'Allier du nord au sud,

avant de quitter mon département pour la Bretagne.

En repartant ce matin, je suis heureuse de célébrer ce nouveau tournant que prend ma vie.

La Sioule enfin !

 Vendredi 9

Allier Adieux Jour 7

Après les lignes de crête et l'horizon toujours plus large,

ça monte, ça descend, encore et encore.

Des panneaux fantaisistes semblent éloigner les villages d'une étape déjà longue.

De Chantelle à Charroux, puis à l'aplomb de St Bonnet de Rochefort.

Et ...la Sioule, enfin !

Ébreuil !

L'Allier du nord au sud, voilà, c'est fait.

Un paysage différent

Le tournesol est partout...

Charroux, l'un des plus beaux villages du Bourbonnais, mais très cher...

La Sioule à Ebreuil, et un gîte communal, pas trop propre, mais très accueillant,

pratique et bon marché.

Auvergne en vue !

 Tu vois Simba, ces montagnes là-bas ?

C'est l'...AUVERGNE !

Le territoire des supporters de l'ASM Clermont Auvergne.

(Plaque vue sur la porte d'un Auvergnat exilé qui nous a ravitaillés en eau).