Mon camp de base est désormais la Bretagne des bois. Dans le Bourbonnais je m'étais réparée. Ici je veux m'épanouir. Ce n'est pas toujours facile. Allées et venues du quotidien de Madame Nicole en pays Pourlet.
jeudi 21 avril 2022
Pour le plaisir
Parce que le monde bouge
Recruté en alternance, pour son master, il tombe de haut, à l'issue d'une licence accompagnée par deux employeurs chez qui il n'avait eu que des éloges.
Il y a un delta énorme entre le discours à l'embauche d'employeurs pressés de percevoir les aides à l'apprentissage, et les missions réelles dans les deux agences où il répartit son temps.
Un temps très long, il y a très peu à faire, à 9.15 la journée est bouclée. Si le directeur est présent, toute l'équipe, friande de pauses en journée, reste jusqu'à 19.00. S'il est absent, à 18.30 l'agence ferme, à 18.34 la grille est fermée et les employés dans leur voiture. Le cauchemar pour un apprenti à qui l'on a fait miroiter de nouvelles compétences à construire, pour le persuader de choisir cette banque plutôt qu'une autre, lorsqu'il avait le choix.
Mais le pire, c'est d'aller travailler la boule au ventre, au sein de deux équipes qui se connaissent et se complaisent dans une forme de maltraitance, considérée comme normale concernant les stagiaires et les apprentis.
Vantardises sur le sort fait à un jeune prédécesseur, provocations diverses -le Kid est boxeur, allons voir s'il sortira de ses gonds...-, insultes sous couvert d'humour. Jugez-en plutôt : "Tu ne veux pas de viennoiseries ? Va te faire enculer !" Si le jeune s'offusque de ces propos à tout le moins peu professionnels, c'est lui qui a l'esprit mal tourné. Il faut savoir accepter, c'est l'usage. Surtout si, troublé, on a un peu perdu ses moyens et commis quelques erreurs, même tout à fait bégnines voire totalement normales dans le cadre d'une formation professionnelle.
Et surtout ne pas faire de vagues.
Personnellement, je ne vois pas en quoi les erreurs d'un apprenti justifierait le mépris, l'insulte, et l'humiliation. Je savais que cela existait hélas dans la restauration et le bâtiment. Je ne m'attendais pas à ce qu'il en soit de même dans une banque qui affiche des valeurs de "solidarité et d'égalité, valeurs qui seraient inculqués" à tous ses salariés. En même temps, les mots "confiance" et "banque" dans la même phrase, comment dire, ça ressemble à du blanchiment social.
Je me sens triste pour lui, et fière aussi. Après une conversation avec moi, il a réalisé que tout cela tombe en fait sous le coup de la loi. Certes, il ne reste plus grand chose du code du Travail, mais ce sont des faits constitutifs de harcèlement.
C'est ce qu'il a écrit dans une lettre à la DRH, pour demander à changer d'agence, voire d'entreprise.
Le directeur de son école, très compréhensif, lui a assuré qu'il n'y aurait aucun problème à terminer son master dans une autre société. Mais lui a bien demandé de ne pas faire d'histoire, de ne pas envoyer cette lettre.
Le Kid a un peu atermoyé, dans une tension très déprimante. Je lui ai fait remarquer que le seul remède, c'est l'action. Nous vivons dans un pays d'écrit. Les faits, le droit, tout le reste n'est que polémique. La lettre, finalement, est partie.
Il attend dorénavant une rupture conventionnelle, quelques mois de chômage, à la recherche d'un établissement aux meilleures pratiques.
Désolant.
dimanche 17 avril 2022
Un beau dimanche de Pâques
Une messe partagée.
Un déjeuner de soleil, le premier au jardin.
Un peu de terre, de foin, de désherbage et de plantation.
Six betteraves et quatre capucines.
Tout recouvrir. Il fait si sec déjà.
Puis prendre la route pour aller voir Franzouski, Maiiouchka et Vania.
Il conduit.
Je le regarde.
Ma jambe emmaillotée d'une opération bégnine vendredi.
Je vous souhaite un beau week-end de Pâques !
mardi 12 avril 2022
Keeping in moving
Tu vois cette statue ? C'est le bouddha couché de la pagode de Noyant d'Allier (03), un petit village qui a accueilli, dans les anciennes maisons des mineurs, les rapatriés d'Indochine en 1955.
J'aime beaucoup cette statue, car elle représente le Bouddha âgé de 80 ans, attendant son passage, souriant et paisible, à l'issue d'une vie pleine et utile.
Je me figure que, quand mon heure viendra, j'aspirerai moi aussi paisiblement à quitter un corps devenu trop vieux pour me permettre encore de rester en mouvement.
Mouvement de l'esprit, j'apprends le russe, j'écris pour quelques clients en attendant ma retraite automnale et le temps d'écrire pour moi-même ; mouvement du corps, qui se lève toujours pour marcher, pédaler, danser, aimer, nager. Mais avec un partenaire exceptionnel : mouvement de l'âme, qui nous tire tous les deux vers le haut.
Voici plusieurs semaines que j'ai délaissé ce blog. Clairement, j'ai d'autres priorités qu'un suivi quotidien. Mais il me reste l'envie de partager encore quelques émotions avec vous.
Qu'ai-je donc fait tout ce temps ? J'ai chanté oui, ici et là, avec beaucoup de plaisir.
Aux Brandons nous avons retrouvé la joie de préparer une fête ensemble, et je me suis sentie fière de voir mon amour passer le feu.
J'ai travaillé un peu, en attendant ma retraite, qui n'arrive qu'en novembre.
Et j'ai commencé à explorer la Bretagne, où j'envisage de m'installer.
Sauf que les prix, au secours, nous interdisent tout projet de type "nouvelle maison, nouveau départ".
Le petit plain pied, avec sa véranda cosy, son modeste jardin à cultiver et les commodités à proximité , ne restera-t-il qu'un rêve, évanoui dans la bulle immobilière hallucinante de la crise sanitaire ? Il faut jouer avec les cartes que l'on reçoit. Et j'ai une bonne main.
Deuxième sujet de déception, l'annulation du grand voyage que je voulais entreprendre en juin, en Russie.
Je devais acheter les tickets le jour où Poutine a décidé d'envahir l'Ukraine. Un moindre mal au regard de la terrible situation des Ukrainiens. Cela étant, bien que j'aie le cœur serré devant ce désastre et le sort des populations jetées sur les routes, je reste aussi très agacée par l'engouement magique, et parfois déplacé, qui a relégué l'épidémie de covid aux oubliettes, pour la remplacer par du folklore jaune et bleu, de l'argent et des logements qui sortent de nulle part.
Apothéose ce dimanche, avec les élections.