Mon camp de base est désormais la Bretagne des bois.
Dans le Bourbonnais je m'étais réparée.
Ici je veux m'épanouir.
Ce n'est pas toujours facile.
Allées et venues du quotidien de Madame Nicole en pays Pourlet.
Bonjour
c'est un peu agacée que je reviens vers vous.
En effet
aujourd'hui j'ai reçu ma nouvelle paire de bottes,
deux pieds différents
super
mais tellement différents que ce n'est pas la même pointure.
Un 38 et un 39 !
Je m'interroge :
Est-ce mon karma de porter ces bottes ?
N'est-ce pas un signe que je devrais renoncer à leur achat ?
Qu'en pensez-vous ?
PS. Je vous remercie pour le porte-clé.
Il va falloir songer à une prime plus motivante pour la prochaine fois.
Hier, j'ai entendu les grues.
Je ne les ai pas vues
seulement entendues
et ça m'a vraiment fait plaisir
au moment où j'avais les mains dans une terre qui n'est déjà plus gelée.
Sans compter qu'elles ont momentanément couvert les cris du coq de la voisine
une bête très probablement génétiquement modifiée
capable de hurler sans discontinuer de 3 heures du matin à la nuit tombée.
Un pervers aussi
qui doit boutiquer des trucs pas clairs avec les oies : caquètements intempestifs en pleine nuit,
les chiennes.
Un signe donc
le retour des grues :
terminée l'hibernation
il est revenu le temps de l'action !
Ainsi, en rentrant du jardin à la nuit tombée
- j'adore rester au jardin jusqu'à la nuit, spectatrice de l'allumage des feux de la ville -
j'ai dressé ma "to do list" de printemps
avec en tête l'éradication l'éducation à la chronobiologie du gallinacé insomniaque,
et immédiatement après
l'identification de ses propriétaires
lesquels ont bien évidemment implanté leur basse-cour sous mes fenêtres,
alors que leur maison se trouve complètement de l'autre côté sur l'autre rue.
Après j'ai noté :
- les inévitables corvées de vacances
toutes les formalités que l'on n'a pas le temps d'accomplir dans le quotidien.
J'éprouve toujours une intense satisfaction à aborder la rentrée après les avoir rayés sur ma liste ;
- huit heures de prison à rattraper : j'ai besoin de cet argent..;
- et tout ce que j'ai envie de faire : sortie hammam, finir l'entrée de la maison, retaper le jardin, une journée de méditation ( ma première : je suis très intéressée de savoir comment je vais réussir à rester sans bouger et sans parler...)
Et enfin,
j'ai regardé la date des prochaines vacances
le 20 avril : c'est là que les affaires reprennent pour de vrai,
et c'est tout près.
Ce qui me permet de profiter pleinement de ces deux semaines
parce que je sais que ce n'est pas grave
si je n'arrive pas à tout faire.
Édit 1 : est-ce que vous croyez qu'on peut dresser une grue peut bouffer un coq ? J'ai essayé avec les chats, ça marche pas. Édit 2 : la photo vient du site de la LPO
Les mots m'échappent.
Ils se bousculent.
Je n'ai plus d'emprise.
Quand je parle
je n'ai plus cette aisance
cette agilité
à m'exprimer en public.
Je suis même bien souvent en difficulté.
Plus de justesse
ni de précision
juste un galimatias informe
et la terrible frustration de ne pas avoir dit ce que je voulais vraiment exprimer.
Cet après-midi
dans l'heure de soleil
j'ai eu envie d'arracher le lierre que,
depuis ma chambre,
je voyais étouffer le cerisier.
C'est la première fois
en dix ans
que je n'arrive pas exténuée aux vacances de février,
obligée de vivre une semaine au ralenti
avant de pouvoir profiter des congés pour .... préparer la période suivante.
Alors quand j'ai vu le soleil
je suis sortie.
Le lierre était déjà haut grimpé
s'insinuait très avant sur les branches charpentières
je me suis excusée auprès du cerisier
de n'avoir rien vu avant
et d'être obligée peut-être
de lui faire mal
pour arracher tout ça.
J'ai coupé les racines le plus loin possible,
et
à la fin
j'ai enlacé le tronc et respiré contre l'écorce
qui était encore douce en dépit des griffures rampantes.
J'aime sentir l'odeur du bois et de la terre.
J'ai réalisé à quel point je me suis trouvée en souffrance l'an dernier.
Malmenée, déstabilisée
maintenant
j'essaie de me contenir tout le temps en situation professionnelle.
Je n'y arrive pas du tout,
ah ah !
En revanche je réussis assez bien à embrouiller le propos.
Et puis ces tentatives de contrôle dérisoires
ne modifient en rien l'afflux d'émotions.
Ma blessure d'ego est si profonde
et encore si vive
qu'il me semble que je serai incapable désormais de reprendre une classe en charge.
J'en ai conclu
que les mots m'échappent
depuis que j'essaie de les contrôler.
Quand je me restreins
je n'arrive plus à suivre le cours de mes pensées.
Impossible de me maîtriser tout le temps
Il me faudra du temps avant de retrouver un peu de confiance en moi.
La bourrée 2 temps s'appelle le Lierre une compo de Maxou Heintzen (La Chavannée) et le groupe c'est plus ou moins Komred, avant qu'ils ne soient connus. J'ai une affection particulière pour Clémence Cognet la violoniste très classe quand elle joue, comme quand elle danse. Le son est affreux mais j'aime cette vidéo joyeuse.
Ce fut un meeting de campagne ordinaire,
avec un couplet supplémentaire sur la ruralité.
Les avisés organisateurs avaient,
comme il se doit,
retenu une salle trop petite
laissant deux cents personnes dehors.
C'était donc blindé, ce qui n'aurait peut-être pas été le cas à la salle po.
Mais la sono était bonne et on a pu profiter du discours, dehors, au soleil.
Moi, je n'étais pas venue pour soutenir le candidat.
J'étais venue pour écouter ce qu'il a à dire sur l'école,
et l'interpeler sur cette question si possible.
Possible ce ne le fut pas : il aurait fallu pourfendre la foule pour accéder à la salle, et, de toute façon,
tout est réglé à la minute près,
ce genre d'exercice n'a rien d'un débat, c'est plus proche d'une insémination artificielle.
A la sortie cependant
installés en haut des marches avec nos panneaux
pour être vus
nous étions aux premières loges,
aux côtés des salariés de Delbard.
Il est venu vers nous,
et nous avons pu lui parler :
La Montagne, édition Creuse, 20 février 2012
Édit 1 :
Hasard de montage
le "on en prend acte" s'oxymore à "la lutte continue"...
mais c'est la lutte qui l'emporte :
une action par jour au moins
avec les parents d'élèves dans le département : écoles occupées, routes ou voies ferrées bloquées...
non
on ne baisse pas les bras.
Quel intérêt y aurait-il à lutter seulement si on était sûr de gagner ?
Édit 2 :
J'ai aussi été promue "Rased", mais peu importe : on est déjà bien content que la radio locale évoque ces actions dans ses bulletins tous les matins.
Je n'avais jamais réalisé à quel point l'hiver,
même les jours de gris brumeux
et de froid humide, pouvait être magnifique.
Sur la route
je remarque
les troncs noueux
et le gris vert de la mousse
qui se détache sur les bouquets rougeâtres
des branches levées au ciel.
Les chênes sont comme une gravure déployée sur fond blanc,
leurs branches comme des milliers de doigts plantés dans le ciel laiteux.
La silhouette des bouleaux s'élance et puis se ravise
au bout de leurs branches de graciles breloques pendillent.
Des chutes d'eau se figent,
des pièges de glace enserrent quelques arbres au milieu d'une prairie
dans une sorte d'étreinte amoureuse et cruelle.
Je n'ai pas le temps de m'arrêter pour shooter,
mais ma mémoire embrasse de nouvelles palettes
un nuancier infini qui redonne au gris sa noblesse.
Conduire sur les routes de neige et de glace m'exténue
mais j'aime ces images qui donnent une autre dimension à ces paysages familiers.
Photos prises de la fenêtre de la salle de Gioux, au bout du bout,
pendant que mes élèves écrivaient.
.... c'est que mon poste n'est pas dans la charrette
et que j'en suis grandement soulagée
pour moi déjà
pour les élèves aussi.
Les rased en revanche sont décimés.
Si le samedi c'est yummy
le mercredi, pour moi
c'est la ramade.
Entre les portes du pénitencier, et celles du supermarché
la paperasse, le médecin et les milliers de trucs qu'il faut caser
franchement
ce n'est pas la meilleur journée de la semaine.
Son seul mérite étant de basculer côté week-end,
côté yummy donc.
Aujourd'hui en plus
j'attends la dernière mouture de la carte scolaire
annoncée pour demain.
Alors,
juste parce que la neige a cessé de tomber
et que je vais peut-être enfin pouvoir remiser le balai de cantonnier :
Si vous commencez à vous laisser gagner par l'idée que
oui vraiment vous gagnez trop
vu ce que vous travaillez vraiment
que pour éviter la ruine de la France il va falloir accepter les REFORMES visant à saccager les régimes sociaux
c'est mal de se révolter violemment ailleurs que dans les pays arabes
que vous n'êtes pas assez au fait de la chose économique pour vous permettre d'avoir un avis sur la question et que c'est mieux de laisser ceux qui savent décider à votre place
que vous êtes en danger parce qu'il y a des pédophiles et des sauvageons partout
que les quartiers dits "sensibles" sont peuplés d'une faune dont il convient de circonscrire les errements aux frontières du ghetto
que la médecine est amère mais qu'elle est nécessaire
c'est que vous regardez trop la télé
et les fameux experts -toujours les mêmes depuis 20 ans- toujours présentés comme chercheurs et diplômés d'université (comprenez indépendants, impartiaux, objectifs et compétents)
alors qu'ils émargent tous auprès de grands groupes (de télécom, de travaux publics, de banque, et d'assurance of course...)
les mêmes qui nous ont vanté
les modèles anglais, puis grec, puis espagnol...
qui avaient annoncé que la crise était terminée et qu'hors du capitalisme "qui se régule lui-même, car il est résilient..." point de salut
qui militent pour une baisse du SMIC, obstacle à la croissance, alors qu'ils gagnent plus de 150 000 euros par an, au bas mot grâce à leurs collaborations multicartes
tous ces gens sont issus d'un même milieu, qu'ils entendent bien préserver,
ont fait les mêmes études
parlent le même langage
mangent aux mêmes tables
partagent les mêmes valeurs
et les mêmes intérêts
Attention, si vous lisez la presse écrite -même (surtout ?) Libération et le Monde - vous n'êtes pas non plus à l'abri du bourrage de crâne...
Alors
Pour votre moral
mais aussi pour votre information
allez donc voir ce film dont j'ai déjà parlé :
La vie c'est pas yummy quand :
- il faut aller à Limoges : une heure aller, une heure retour ;
- je pars à l'heure, pour une fois, mais je dois faire demi-tour parce que j'ai oublié la paperasse ; je suis donc en retard, et bien sûr, la rue est introuvable ; je me maudis de ne toujours pas avoir de GPS ;
- je m'arrête chez Cora pour une course : c'est beaucoup trop grand pour moi, il y a trop de choix, et rien de ce que je veux, et en plus, personne ne sait où est le lait (satisfaction intérieure : le GPS n'aurait rien changé).
La vie c'est yummy quand :
- c'est Nicolas qui me cherche des livres à la médiathèque. Nicolas est aimable, et il aime les albums, les mêmes que moi. Nicolas a aussi des collègues très sympas. En fait, la vie c'est yummy quand je vais à la bibliothèque et que je ne tombe pas sur l'hémicéphale blonde qui me fait paniquer ;
- j'ai le temps de m'asseoir pour déjeuner, seule, de savourer au calme chaque bouchée de la salade de haricots verts au saumon, chaque bulle de mon eau pétillante, et que la serveuse m'offre un café pour accompagner la tarte au citron, parce que, non, décidément non, les croûtons en vrai, c'était du pain rassis et pas bon ;
- je rencontre quelqu'un qui sait exactement ce que je ressens, sans que j'ai besoin d'expliquer, et qui appelle, sans ambages, un chat un chat ;
- je constate que chez Cora, ils ne savent pas ranger le lait, mais ils ont des soutiens-gorges très doux à fleurettes pour les gros nénés aussi (ne cherchez pas la photo, il n'y en a pas).
.
Pour la deuxième fois aujourd'hui
au boulot
je me suis trouvée au milieu d'un conflit qui ne me concernait pas
et je me suis sentie dans cette position extrêmement désagréable
qu'on a tous connu au moins une fois
quand un couple de copains s'engueule devant nous.
Sauf que c'étaient pas des copains
et que ce n'était pas privé.
C'est parti de rien.
Évidemment.
Et je n'ai pas percuté tout de suite.
Du coup, je me suis un peu agacée
je n'aime pas trop qu'on m'emmerde dès le matin
surtout quand je viens de passer une demi-heure à déneiger
et que je suis charrette.
Un peu plus tard, je suis revenue m'excuser auprès de l'un des deux
parce que je m'étais emportée,
et j'ai dû supporter un petit quart d'heure venin sur l'autre.
L'après-midi,
rebelote, mais à l'envers
bâchage sur le premier donc.
1 partout, match nul.
Très nul.
C'est là que j'ai compris
que mon énervement du matin s'était créé sur cette tension
même si je ne m'en étais pas rendue compte sur le moment.
J'ai repensé qu'il y a quelques semaines déjà
un type que je connais à peine
m'a chuchoté perfidement une remarque assez désagréable
sur l'un de ses collègues qui nous tournait le dos.
C'est bizarre comme les gens pensent tout le temps que vous êtes forcément de leur côté.
Message subliminal 1 : en crapahutant au jardin avec mes bottes en caoutchouc au décor léopard argenté (mon côté femme couguar ne se révélant qu'en contexte bucolique) je m'aperçois que la base de la botte DE DROITE est fendue.
Elle prend l'eau, elle n'est plus bonne à rien.
Il faut donc en changer. Message subliminal 2 : une veine pour moi, on est en pleine période de soldes. Mes fournisseurs préférés (et les autres) émettent une quantité faramineuse de messages tous plus alléchants les uns que les autres pour attirer mon attention et mon bulletin ma carte bancaire, vers leur troisième démarque.
J'ai un peu de mal à suivre, néanmoins j'opte pour une paire de bottes à fleurettes avec petit laçage sexy à l'arrière du mollet. C'est pas parce qu'on a l'humeur potagère que l'on doit perdre sa féminité.
Message subliminal 3 : je les reçois aujourd'hui. La vue d'un colis Lollipops me mettant dans un état de frénésie assez proche de l'orgasme, mais sans les râles, je tente de garder mon calme en rentrant chez moi. Une fois la porte refermée, à l'abri des regards, je perds ce qui me reste de dignité, je me rue sur le paquet (qui est déjà éventré du reste, merci la Poste), déballe les merveilles, essaie le pied GAUCHE.
Il me va comme un gant.
Parfaitement.
J'essaie le pied droit.
Quand je dis j'essaie, en fait, je n'y arrive pas.
La droite me gêne aux entournures....
Où est le problème ?
Allez, un indice visuel :
Ils m'ont envoyé deux pieds gauches...
Je ne sais que penser. Est-ce pour me porter bonheur ? Dois-je les conserver jusqu'au 6 mai ?
Il neige
encore
la jardin, la rue, la ville s'enfoncent dans un silence gris et ouaté.
Il neige
et je n'ai pas envie de bouger.
Je reste en boule sous ma couette
un petit moment
je pense à la chance que j'ai
d'avoir du chauffage
et un salaire pour mensualiser le gaz et l'électricité
(c'est un genre de moyen pour éviter de penser à la facture....)
des pneus neige
et des boots de compétition.
Je pense à l'argent,
j'ai peur de manquer.
Je pense aux vacances.
J'ai envie partir,
vers l'est,
d'être un peu libre,
sans attache et sans contrainte.
Je pense que
pour survivre
il nous faut quelque chose de plus grand que nous.
Je pense que j'ai bien fait de garder mon père chez moi
même si c'est dur parfois.
Je pense
trop
à trop de choses.
Que j'ai besoin d'être un peu seule
sans bien savoir pourquoi.
Je pense aux longues journées ambrées de septembre
quand je goûtais d'être au volant
dans la lumière dorée de cet automne qui n'en finissait pas.
La neige recouvre tout, adoucit les reliefs et estompe les contours.
J'ai un peu peur pour la route
demain.
Mais demain
on verra
demain.
La vie c'est pas yummy quand :
- il fait un froid de loup, et tu es obligée de prendre la route ;
- tu te sens beurk, tu ne sais pas bien pourquoi, mais ce qui est sûre, c'est que ta vie est trop étroite pour toi (et ta peau aussi).
La vie c'est yummy quand :
- il y a un peu de soleil dans l'eau froide et que tu es au chaud ;
- tu peux prendre une heure pour toi et aller à la salle de sport, puis te glisser voluptueusement sous la couette après la douche.