Nous sommes de retour du festival Le Son Continu, où nous étions bénévoles après deux ans de parenthèse sanitaire.
La vie prend des détours, rien ne sert de forcer, mais parfois le destin ne tient qu'à un fil ténu.
Mon camp de base est désormais la Bretagne des bois. Dans le Bourbonnais je m'étais réparée. Ici je veux m'épanouir. Ce n'est pas toujours facile. Allées et venues du quotidien de Madame Nicole en pays Pourlet.
Nous sommes de retour du festival Le Son Continu, où nous étions bénévoles après deux ans de parenthèse sanitaire.
La vie prend des détours, rien ne sert de forcer, mais parfois le destin ne tient qu'à un fil ténu.
Il y a des moments, un peu suspendus, où l'on réalise que l'on se trouve devant une porte.
Une porte ouvrant sur les chemins de tous les possibles.
Parce que c'était au bout d'un rouetton tout près de chez moi, dans une ancienne abbaye où j'étais déjà venue jeter un œil en douce ; parce que c'était organisé par la Libricyclette ; et surtout parce que j'avais envie de prendre l'air, j'avais préparé un pique-nique et chaussé mes baskets, pour me rendre à une soirée de lecture par des auteurs locaux.
Un homme au visage vaguement familier attendait les visiteurs au bas de l'allée. En haut, une femme m'a invitée à passer par le "raccourci", la porte du porche qui donne sur l'ancien cloître. Le destin ne passe pas toujours par l'entrée principale.
Il n'y avait pas grand monde hélas, mais j'ai passé une délicieuse soirée, à écouter des nouvelles et des extraits de roman. J'ai vite réalisé que le propriétaire des lieux n'est autre que l'écrivain Luc Bergougnoux. Un écrivain habite presque sous mes fenêtres, et je ne le savais pas.
Aux pauses apéritives dinatoires, en échangeant avec les autres auteurs, j'ai aussi réalisé que l'on peut se lancer dans l'écriture à 60 ans passés. C'est un rêve que je poursuis depuis longtemps, et du reste j'écris avec bonheur comme là et là. Ou sur ce blog même.
Mais j'ai en tête trois livres, et je me suis jamais donné les moyens d'aller jusqu'au bout du premier. Finalement, depuis deux ans que j'ai quitté la fonction publique, je travaille tout de même encore, et il me reste peu de temps pour cette discipline quotidienne qu'exige l'écriture.
Et puis, j'ai un peu baissé les bras.
Je relis parfois certains de mes textes. Parfois je les trouve dépassés, et parfois je n'en changerais pas un mot. Il y a un degré dans l'écriture, et ce franchissement exige un travail qui ne se satisfait pas d'à peu près. Une des autrices présentes a mon âge. Elle s'est lancée. Deux romans. Et l'idée, tout de même, de se faire éditer autrement qu'à compte d'auteur. A la lecture des extraits, j'ai clairement ressenti l'évolution de son écriture, plus affirmée, plus nette, plus saisissante. C'est cela que je voudrais pouvoir faire.
Je relis aussi d'anciens articles de ce blog. Pour mesurer mon parcours, ses réussites, ses échecs, ses renoncements. J'ai réalisé beaucoup. Mais l'écriture est restée en jachère.
C'est drôle parce qu'il y a quelques semaines déjà, j'ai décidé de ne pas poursuivre mon activité d'écrivain public au-delà de ma retraite en novembre. Chronophage en l'état, et peu rémunérée. Son développement a été stoppé en plein vol par la crise sanitaire et l'exigence vaccinale pour travailler à l'hôpital ou en Ehpad. Cette porte là s'est donc fermée, me laissant réfléchir à un deuxième envol vers la liberté. Un envol depuis le Morbihan où j'irai rejoindre le meilleur partenaire que j'aie jamais rencontré, après avoir pris la peine de refermer une autre porte sans issue.
Le Morbihan d'où est originaire... la maîtresse des lieux, compagne de Luc ! Oui, d'un village à 3 km de chez Dantchik. Je croise souvent son frère en fest-noz.
En fin de soirée, elle m'a demandé de chanter, elle m'avait déjà entendue à Embraud. Et à ce moment là, dans cette toile, aussi parfaite qu'inattendue, que tissent les fils du destin, j'ai songé que ce dimanche 2 juillet resterait le jour où une nouvelle porte s'est ouverte.