C'était le week-end de Pâques.
Moi j'avais d'autant plus envie d'aller voir ailleurs que mes enfants ne pouvaient pas venir.
Mais l'un des ses fils s'était annoncé. Celui qui prévient toujours au dernier moment et ne précise jamais quand il arrive. Ça m'a gonflée. Je me suis donc offert un stage de chant le samedi, pendant lequel il a organisé une petite chasse aux œufs pour les enfants de sa fille.
Bien sûr, le fils prodigue n'est jamais venu et s'est décommandé au dernier moment.
Une fois de plus, la viande avait été décongelée pour rien, et on en mangerait toute la semaine. Ça m'a encore gonflée.
Comme on s'est promis de cultiver la joie entre nous, j'ai dit : "Viens, on se barre !".
On a déplié la carte de Bretagne, direction pas trop loin vers l'ouest.
Scroller les offres sur l'appli de réservation hôtelière.
Tomber d'accord sur le gîte de charme.
Et partir sous la pluie bien sûr. Comme d'habitude depuis six mois.
Nous voici arrivés à Pont Aven, la cité des peintres.
Le temps de pique-niquer dans la voiture, la pluie cesse et nous voilà partis pour trois heures de marche.
C'est la première fois depuis décembre que je marche si longtemps.
Sans y penser. Sans douleur. C'est très agréable.
Nous traversons le bois d'amour, pour arriver jusqu'à la chapelle de Trémalo.
Et nous voilà repartis, vers Concarneau, Konk Kerne, la baie de Cornouailles.
Nous faisons halte à la pointe de Trévignon.
C'est un doux soleil de printemps, dont nous profitons avec bonheur.
Un peu plus tard nous posons nos sacs au petit manoir de Keriolet, dans l'une de ces chambres de charme installées dans les anciennes dépendances du château du même nom.
C'est là que ma route recroise celle de l'histoire de la Russie.
Cette très jolie pièce néo-gothique née de la rencontre, à St Pétersbourg, entre un roturier français, et la princesse Zénaïde Narychkine veuve Youssoupov.
Le romantisme slave leur offrit un mariage, mais en exil.
Ils s'installèrent en France, et, pour qu'il puisse satisfaire ses ambitions politiques, elle lui acheta deux titres de noblesse, qui firent blasons aux frontons de cette demeure qu'il avait acquise sur ses propres deniers.
Voici comment ce château permit à Félix Youssoupov, descendant et héritier de Zénaïde, meurtrier de Raspoutine fuyant la révolution, de se refaire une fortune en vendant le domaine morceau par morceau.
Un petit tour en ville close le soir
Il ne pleuvait toujours pas.
Le lendemain, nous sommes partis aux pointes de Cap Coz
et de Beig Meil.
Cela nous a donné envie de revenir au prochain été.
Nouveau pique-nique dans la voiture.
La pluie était revenue.
Nous sommes rentrés un peu fatigués,
mais heureux,
d'être passés entre les gouttes.