Toute une vie dans un fourgon.
Douze paires de bras et quinze mètres cubes.
Un escalier de la mort aux marches trop étroites et trop hautes.
Plus on a de bras, et moins on a de peine. Plié en une heure trente. A un moment, deux gars ont dit : "Mais ça ne rentrera jamais tout dedans !" Gros coup de Calgon, déjà qu'après trois semaines d'encartonnage, je n'avais plus guère de neurones disponibles. Mais si, si, nous avions des adeptes de Tétris apparemment, et après des paroles rassurantes, à la fin, on était large.
C'était la dream team Chavans, avec du Breton dedans, ils étaient venus à deux du Morbihan.
La vie est faite de choix. On prend un chemin, on abandonne un peu quelque chose. Un peu plus tard, en Braud, le copain, très touché par le lieu, l'ambiance, ainsi que le très bon repas préparé par deux gazilles qui n'avaient pas pu être là le matin, a dit à mon amoureux : "Dis-donc, Nicole elle part en laissant quelque chose qu'elle ne trouvera jamais ailleurs."
C'est vrai. Je sais qu'il en est très conscient. Mais une relation comme celle-ci, je ne le trouverai pas ailleurs non plus. Comme je le dis toujours, il faut savoir jouer avec les cartes qu'on a. C'est une étape, pas un déchirement.
Un peu cuite par les cartons et l'émotion, j'ai laissé repartir le fourgon. J'attends l'état des lieux lundi matin, avant de partir plein ouest. Les pieds à terre ne manquent pas...
Il faut savoir laisser le passé derrière soi. Je n'avais pas eu une minute pour prélever mes pièces préférées du jardin. Je n'aurais guère eu de temps non plus pour les replanter à l'arrivée. Il y a tant à faire ! Alors, ce matin, nous sommes redescendus avec pelles et seaux, et repartis avec rosiers, sauge, groseiller et pieds de vignes. Je n'ai plus de place dans mon Berlingo, mais ils reprendront racine chez les amis qui m'hébergent, et j'emporte tout de même cinq autres petits pots avec moi.
Pour la douceur du souvenir.
Tu vois Barbara, je donne quelques nouvelles...