Être aspirée dans une dimension parallèle.
On se réveille le matin, tout semble identique : les meubles, le ciel, le quotidien ordinaire.
Mais en réalité tout a changé.
Plus la journée avance, et plus je remarque les différences.
Le jeu des sept erreurs.
Le travail, c'est à la maison.
Sortir, c'est au compte-goutte, il faut penser à établir un laissez-passer.
Je profite de l'air, du soleil, des oiseaux, seule au milieu des champs et des bois.
Mais toujours avec un vague sentiment de culpabilité.
Dans les rues, les magasins, d'une semaine sur l'autre, de plus en plus de chalands masqués.
Au retour, il faut décontaminer.
C'est un monde où les codes sociaux sont bouleversés : on ne s'embrasse pas, on ne serre pas la main, on n'ouvre plus les bras, on garde ses distances.
Un monde qui interroge sur l'amour, la tendresse.
Sur notre nature humaine et son instinct grégaire.
Un monde où il vaut mieux ne pas trop penser à demain, sans bal et sans approche...
Dans cet univers parallèle et troublant, toute mon énergie semble investie dans le nécessaire équilibre de mon psychisme.
Un rien le fait tanguer dangereusement.
Être sur mes gardes m'épuise.
Le moindre ciel gris, la moindre pluie froide, et je suis assaillie d'idées noires.
Il serait si simple de m'allonger dans la rivière en fermant les yeux
(en vrai non parce que je nage trop bien...)
Constamment je dois me ramener au souffle, m'écouter, me sentir respirer.
Cette petite flamme élémentaire de la vie.
Inlassablement je dois revenir à l'instant présent, et me dire qu'à part une présence chère,
j'ai tout ce qu'il me faut pour traverser cette épreuve.
Sans relâche je me raccroche à des mots gentils, des chansons, ainsi qu'aux ressources merveilleuses et fidèles de la nature.
Une odeur, un oiseau, le flot de la rivière, des coquelicots, les sons de la nuit étoilée, puis de l'aube laiteuse, la lune qui croit et décroit immuablement.
Je sens cependant que mes ressources s'épuisent, et qu'elles ne sont dorénavant plus suffisantes pour assurer même une journée de travail à distance.
J'ai tenu bon jusqu'à maintenant.
Mais tout mon corps me crie d'écouter et d'accepter.
Comme me l'a écrit une amie ce matin, ce corps est mon plus fidèle compagnon, le seul avec lequel je sois certaine de passer le reste de ma vie.
Il connaît ses propres limites et il sait comment résister.
Il est temps de me décramponner, sinon je n'aurais pas la ressource de nourrir la joie de vivre qui m'a toujours maintenu la tête hors de l'eau.
Pendant que je prépare mes vidéos quotidiennes, youtube me propose sans cesse de visionner des sujets que ses algorithmes jugent correspondre à mon état d'esprit.
Ce n'est quand même pas si bien ciblé : je ne vous dis pas le nombre de titres de voyance, d'horoscopes, et de thèses complotistes, que je n'ai ni le temps ni l'envie de regarder.
Je vous livre toutefois bonne petite surprise musicale, La chaîne à papa, un type qui joue de l'accordéon, parfois avec ses enfants, un très joli choix de répertoire, où la valse prédomine, interprété avec cœur et sensibilité.
Je valide question positivité.
Ah Marguerite, la valse de Prieur qui m'accompagne sur tous les chemins difficiles...
Qui crée du beau, au quotidien, en y consacrant le temps et l'énergie nécessaires.
C'est clairement ce que je veux que soit ma vie désormais, que je retrouve ou non le vortex qui me ramènera dans ma dimension...
"N'essaye pas de posséder, c'est inutile, tu perds ton temps. Essaye plutôt la gratitude, pour chaque minute qui passe.(...)
La plupart des gens se comportent comme si c'était normal de vivre là.
Pour moi c'est un sujet d'étonnement constant.
Chaque jour que je me lève, je me dis, mais non de non, quelle étrange chose que j'existe, que je sois capable de regarder par la fenêtre. C'est énorme, c'est incroyable pour moi.(...)
On devient ce qu'on pense, on tient le destin dans sa propre main.(...)"
Cet homme, de 95 ans, m'a fait réaliser pourquoi l'ancrage au présent ne devrait pas être si coûteux en énergie.
C'est que, depuis des semaines je suis plombée par l'idée d'être en train de perdre des mois de vie, à l'approche de mes soixante-ans, alors que cet étrange aiguillage de l'univers me met peut-être sur les bons rails. Qu'importe si le transport est parfois inconfortable.
"J'ai pas la peur de la mort, vu que je suis pas mort, j'ai pas besoin d'y penser.
Et si je suis mort ? J'ai pas l'occasion d'y penser non plus. Donc il ne me sert à rien d'y penser du tout, elle ne me concerne pas.
(...) La beauté sauvera le monde."
Et je veux m'y consacrer.
1 commentaire:
merci d'avoir partagé ces pensées avec nous
oui écoute toi
relativise
lâche du lest (oui je sais plus facile à dire )
accepte les jours + sombres
savoure les doux
n'oublie pas que plein de gens pensent à toi ,tiennent à toi , t'(apprécient
n'oublie pas que tu sers
que tes mots tes chants tes partages apportent beaucoup à beaucoup plus que tu ne le crois
mais bien sûr fais le d'abord pour toi
ton équilibre ,tes envies, tes besoins
je t'embrasse fort
bien amicalement
Enregistrer un commentaire