Nous étions au très joyeux fest noz du 50ème anniversaire des Bugale Melrand, un cercle celtique de la Bretagne des bois, perdue au milieu de rien. Il y avait le duo Landat-Moisson, et puis les Blain, je me sentais portée par la musique, l'ambiance, les sourires.
Soudain, j'ai aperçu sa silhouette, restée familière dans un recoin de mes souvenirs. Je suis restée interdite.
On ne s'était pas vus depuis quatre ans, mais j'ai immédiatement reconnu sa grande charpente légèrement penchée vers l'avant, les cheveux longs filasses devant et dégarnis derrière, fagoté comme un miséreux.
Il était avec une poulette trop jeune pour le gombo (je me comprends...). Il a dansé un peu, gauche, comme toujours. Il avait l'air ... ailleurs. J'ai laissé passer quelques danses, interloquée par cette synchronicité, cette improbable et très inattendue résurgence du passé. Je me suis souvenue avoir mis le pied en Louisiane, le jour même où sa femme rendait l'âme en France.
J'ai attendu quelques morceaux, et puis j'en ai parlé avec mon partenaire. Il a rigolé : "Bah, va lui dire bonjour, je vais nous chercher à boire".
Il m'a fait la bise, un peu piquante avec sa barbe pas rasée.
- J'habite ici maintenant.
- Ah tu n'es plus à Château ?
- Non."
Il le savait forcément. La communauté francajun est très communicante. Il a évoqué quelqu'un qui m'avait entendue chanter, en breton, à Embraud et le lui avait dit. Oui, il savait parfaitement.
Sa copine était de Rennes, mais elle avait des amis par là, voilà pourquoi ils étaient à ce fest noz. Nous avons échangé quelques nouvelles, la santé, la famille, les enfants. Il m'a parlé de Gary, un ami que j'aime beaucoup, veuf aussi, d'une française, depuis longtemps. Mais qui a toujours sa maison en pays de Redon. J'ai compris qu'il y aurait des retrouvailles et de la musique. Je n'avais qu'un mot à dire pour être invitée par le roi des Cajuns.
"Bon ben salut, passe un bel été ! " Déjà une paire d'auriculaires crochetaient les miens, m'emportaient loin de ce vieil homme, qui n'a qu'un an et demi de plus que moi. J'ai songé "pourvu que je n'ai pas pris aussi cher !"
C'est drôle. On a aimé quelqu'un profondément, sincèrement. Et puis, faute de réciprocité, le cœur s'est découragé jusqu'à l'indifférence, preuve que tout passe et qu'il suffit d'attendre. Surtout si on goûte à autre chose...
Le lendemain, avec le chœur, nous chantions sur la riche côte sud du Morbihan, à Locmariaquer.
Une très jolie église avec vue.
Dimanche prochain, ce sera notre dernier concert, à Landerneau (29), pour le concours des chorales bretonnes de première catégorie.
Cette semaine déjà, il n'y a plus d'activités hebdomadaires, nous sautons dans l'été. Ma Doué, comme les jours filent ! Déjà ils raccourcissent...
4 commentaires:
merci Coline
bel été
Oui tout passe , il suffit de laisser le temps faire son œuvre... !
Anne d'Alsace
bisous Anne!
Bisous Barbara ;-)
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