Quand on attend, pour se coucher, que l'autre soit endormi.
Quand on ne se parle plus que de choses utiles : les enfants, le pain, l'argent et l'emploi du temps.
Quand on espère un geste, un mot, un sourire qui ne viennent pas.
Quand on cherche ailleurs ce qu'on n'a plus chez soi, la tendresse et le désir.
Il faudrait savoir se le dire.
Il faudrait avoir appris à demander sans avoir peur de la réponse.
Il faudrait se souvenir de toutes ces années sur le même chemin pour se faire confiance à nouveau.
Proposer une ballade après dîner, parce qu'il fait encore jour, et beau, et se tenir la main.
Partager un ciel d'étoiles.
Écouter l'autre aussi, qui a sûrement des choses à dire.
Même si ce n'est pas là tout de suite.
Même si on a oublié comment faire.
Dans la pénombre de la chambre, se blottir contre son corps et murmurer qu'on aurait besoin de ses doigts pour sentir les contours de notre visage, de ses lèvres sur nos paupières, de son souffle dans notre cou, et caresser doucement son dos.
Dire les choses douces et le chagrin qu'on a en soi.
Dire qu'on est capable d'entendre, et de comprendre.
Retrouver le contact en même temps que la parole.
Parce que, depuis que l'Homme s'est mis debout, il a besoin d'utiliser ses mains.
Et que, s'il a inventé la parole, c'est qu'il avait l'intention de s'en servir.
Le zéro, le nombre du rien, n'est venu que beaucoup plus tard.
J'en conclus que le néant n'est pas une nécessité, mais la relation oui.
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