Les violences faites aux femmes sont insupportables.
Loin de moi l'idée de les excuser.
Et croyez-moi j'en croise (derrière les barreaux) des mecs qui disent "oui, mais elle m'avait énervé".
Ce que disent tous les maltraitants.
Mais voilà que ce matin, j'ai pensé à un truc terrible.
Affreux.
D'abord je me suis souvenue d'une fois, chez une copine, on préparait une soirée.
Un type sympa s'amène, il livrait des sirops. Des sirops de fruits, des vrais.
Il était avec sa compagne.
Un gars à l'air doux, que je connais vaguement.
Et il se met à discuter d'une douche solaire bon marché, construite à partir de bouteilles PVC de récup. emboîtées.
Il dit : "J'ai bien envie d'essayer". Et là, elle part d'un grand "PFFFFFFFFF!" bien agacé et rétorque :
" - ça m'étonnerait bien que ça marche !
- ben pourquoi ? ça avait l'air de bien fonctionner ...
- oui, mais TOI, tu ne réussis jamais rien."
Punaise, j'en suis restée sans voix.
C'est dire.
Avec ma copine on s'est regardé, on a eu mal pour lui, on a vite fait changé de sujet de conversation.
J'avais franchement hâte qu'ils s'en aillent, j'étais à deux doigts de dire quelque chose, mais je me suis tue.
Après tout, s'il y en a qui aiment se faire malmener, ça les regarde.
Il sont venus à la soirée plus tard, elle a fait la gueule tout le temps.
Des fois, vaut mieux être seul que mal accompagné.
Ensuite j'ai pensé à nos voisins, de l'autre côté de la rue, pas ceux d'en face, un peu à côté.
On les entend quand ils sont dans le jardin.
On les entend très bien, enfin elle essentiellement, même quand on ne voudrait pas entendre.
Elle a une voix affreuse et surtout, surtout, elle lui crie tout le temps dessus, vocifère des choses très méchantes partagées avec tout le quartier. Des choses qui rabaissent, qui humilient.
Avec Dadou, parfois quand nous sommes tous les deux dans le jardin, à bricoler ensemble, et qu'on est bien, ça nous gâche un peu le paysage sonore.
Dimanche il m'a dit : "Mais enfin c'est pas possible, comment il a fait pour se marier avec elle, si elle avait déjà cette voix là ?"
Et en effet on se demande comment il fait pour survivre aux côtés de cette harpie
Je ne vois que deux explications : il est sourd et /ou il est masochiste.
Sinon, je ne vois pas comment c'est possible de supporter ça au quotidien.
Mais peut-être qu'il ne sait pas où aller ailleurs ? La relation quotidienne victime c./bourreau lui est au moins familière.
Et donc ce matin, je me suis dit que si on ne l'entendait plus un jour, faudrait qu'on aille voir si la terre n'aurait pas été fraîchement remuée derrière la haie.
La haie qu'ils ne taillent jamais, qui envoie ses ronces et son lierre en travers du trottoir.
C'est sûrement pour se protéger.
Des ultra-sons.
Mais ça ne marche pas, je confirme.
Et enfin j'ai resongé à ce gamin là, tout triste.
Elle, elle dit qu'elle l'a quitté parce qu'il la battait.
Je veux bien la croire.
Lui il dit qu'il l'a quittée parce qu'elle le trompait et puis qu'elle ne voulait jamais embrasser, ni lui, ni les enfants.
Je veux bien le croire aussi.
Mais pitié, qu'ils arrêtent de tout me raconter.
Et qu'elle arrête de dire au minot des trucs très vilains sur son père.
Elle, elle lui dit : c'est moi qui les garde, ça ne te regarde pas.
Lui, il me dit : je voudrais voir les cahiers, acheter une photo, payer la cantine.
Et moi je fais rempart de ma voix et de ma plume devant le gosse, pour que tout coule de source.
Quand un homme humilie une femme, en paroles, en public, il finit toujours par lever la main sur elle. Et elle n'a qu'une issue : la fuite. Et c'est déjà pas facile.
Mais quand une femme humilie un homme de cette façon, c'est insidieux. Lui, il n'a pas le droit de faire usage de sa force, c'est normal. Mais il lui est bien compliqué de faire valoir sa position de victime.
Je ne connais aucun foyer d'accueil pour homme vaincu.
Bref, tout ça pour dire que vous venez d'assister à la naissance d'un nouvel écrit : je ne sais pas si ça va se terminer en chanson ou en roman, mais ça finira mal pour elle, ça c'est certain.
Et c'est pas sûr qu'il soit puni.
Une histoire qui ira à l'encontre de mon militantisme féministe.
Mais tant pis.
J'assume.
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