vendredi 10 avril 2020

Caminho portugues # 10 De Redondela à Pontevedra - Lundi 2 mars 2020

Je n'ai pris aucune note sur cette étape.
Pourtant, je m'en souviens avec une acuité toute particulière, à cause du déluge d'eau et d'émotions.
Départ en poncho, sous la pluie battante.
Le chemin est joli, et je me réjouis de retrouver un peu de côte en longeant la baie qui descend sur Arcade.
Le ciel parfois se dégage... alegria temporaria...




juste après cette photo, je suis après jongler que, cette fois, il devra dire s'il veut, oui ou non, vieillir avec moi.
Qu'il n'y aura pas d'entre deux...
Un nouvel éclat du ciel, d'une violence inouïe, me ramène à l'instant présent.
Je suis là plantée sur le chemin, trempée, le vent s'engouffre avec fureur dans chaque interstice, les arbres gémissent ... 
Presque effrayée, découragée en tout cas par tous les kilomètres devant moi, je voudrais lever un poing rageur.
Et puis je m'incline.
J'ignore la pluie qui passera, mon pantalon dégoulinant, qui va sécher. 
J'avance.
J'avance et je prie en pleurant. Un "Je vous salue Marie," un "Notre Père".
Et que sa volonté soit faite. C'est pas une affaire qu'on peut contrôler, on ne peut contrôler que soi-même...
La pluie s'arrête, mon pantalon sèche, et dans ma tête, il y a les restaurants de poissons d'Arcade.


Alegria temporaria de nuevo...
C'est lundi, tout est fermé, et je vais mourir de la vessie...
De l'autre côté du pont, je m'écarte un peu du chemin, et je trouve una tienda, une de ces minuscules épiceries espagnoles où l'on trouve de tout, des empanadas, des fruits...
Je demande à utiliser la chambre à bain, et bien sûr la fille dit oui tout de suite...
J'ai déjà dit que les Espagnols sont sympas. Je tiens à le répéter.
Je déjeunerai au soleil, sur un banc, le long de l'eau, dans la lumière réparatrice du soleil...




Je reprends mon pas, en remontant le lit des ruisseaux chemins sur des pierres douces...
Les vignes sont conduites comme au Portugal, mais moins hautes.







 

J'arrive finalement dans la très jolie ville de Pontevedra.
Je croise une pèlerine italienne qui me vante les mérites de l'albergue publique.
Entrée de ville, à l'écart de tout, trois bornes en plus demain matin pour s'extraire.
Je continue jusqu'au centre historique, où je m'offre une chambre à l'hôtel Virgen del Camino.
Le jeune réceptionniste (j'ai déjà dit que les Espagnols sont sympas n'est-ce-pas ? Oui...) regarde le prix sur Booking et me fait un rebajo supplémentaire...
Requinquée après la douche de luxe, je m'offre, à la nuit tombée, une visite de cette ville historique pleine de joyeuse vie espagnole, même sous la pluie...
L'église de la pérégrina déjà (la vierge habillée en pèlerine, avec Jésus à son bras), en forme de coquille, une vieille femme dit le rosaire, et l'assemblée psalmodie...





 Je suis à moins de 70 km du but...