Avec le recul, il prend une autre teinte.
Je repense à ce huitième jour.
Premier tronçon espagnol, j'ai basculé dans la seconde moitié.
Petit déjeuner délicieux à Ideas peregrinas, en compagnie d'Emilio l'Italien, et de Cristina, une suédoise qui fait ce parcours pour la deuxième fois.
Les mêmes étapes que moi, mais pas d'hébergement collectif.
Elle me confirme que j'ai bien fait de pousser jusqu'à Tui hier, car marcher dans la nuit ce matin, depuis Valança, c'était dur.
Je reprends ma route, seule.
La Galice ressemble fort au nord du Portugal, des champs de choux et de vignes, des greniers à grains surélevés, protégés par une croix.
Mais le paysage change aussi imperceptiblement.
De plus en plus de croix de granit jalonnent le chemin, les clos sont bordés de murets de pierres dressées.
On chemine souvent sur l'ancienne voie romaine, avec ses ponts de pierres antiques pour enjamber les cours d'eau...
Le chemin parfois se fait souvent asphalte sur cette étape ...
Ce qui change aussi, ce sont les bornes de la Xunta de Galicia, sur lesquels on voit diminuer la distance qui nous sépare encore du but...
Je prends une première variante, pour éviter la zone industrielle d'O Porriño.
En déjeunant à Pontella, je déguste un beignet offert par la maison.
A la télévision, on parle d'un virus venu de Chine.
Je me souviens qu'au Portugal, j'ai entendu parler d'un homme coincé à bord d'un bateau de croisière.
Maintenant l'Italie ferme ses écoles, ses universités, quelques cas en France....
J'arrive à O Porriño...
A l'entrée, des flèches dans tous les sens, barbouillées, recouvertes de noir...
Il y a parfois des choix difficiles à faire.
Je décide de tourner à gauche et de suivre la rivière.
Je suis à contre courant, et je pleure.
Je pleure presque tout du long, en pensant à la petite fille que j'ai été.
Arrivée au bout, il y a l'albergue.
Moderne.
Mais juste sous le pont de l'autoroute.
Je décide de pousser 5 km plus loin.
Je n'ai pas réalisé qu'avec tous ces détours, j'ai fait bien plus de 20 km.
A l'heure où commence la fête des Brandons de la Chavannée, je marche encore sous la pluie galicienne, en priant le ciel qu'il leur soit plus clément.
J'arrive à Mos complètement cuite et sous la pluie.
Il faut prendre son ticket au musée.
Sur le registre je vois que les derniers occupants étaient chinois.
Je me sens vaguement inquiète.
Mais l'hospitalière me dit que c'était trois jours avant, et que je suis seule ce soir.
Je passe une nuit délicieuse dans une sorte d'appartement, chauffage automatique le soir... propreté impeccable...
A Embraud, malgré le vent et la pluie, les Chavans ont réussi à allumer le feu de Carmentraud...
Photos François Gueneau (Moulins)
Je suis à moins de 100 km de Saint-Jacques.
Et je commence à me dire que finalement, je ne terminerai peut-être pas en bus...
1 commentaire:
merci Coline
bisous ♥
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